jeudi 16 septembre 2010



lundi 24 mai 2010

Décomposition de Citizen Kane

Citizen Kane,

Scénario et réalisation : Orson Welles (+ Herman J. Mankiewicz).

  1. Plans sur un panneau "no trespassing", puis sur Xanadou. Mort de Kane : il dit « rosebud » et lâche une boule de verre , qui explose par terre.

  2. Nécrologie, dans le programme « News on the march ». sous-titre : « Le seigneur de Xanadou ».

    1er intertitre à propos du palais, puis vues de Xanadou et énumération de sa grandeur.

    2ème intertitre à propos des funérailles de Kane. Couvertures de journaux du monde entier (avec des opinions sur le personnage tout à fait différentes).

    3ème intertitre à propos de sa personnalité. Montée dans le journalisme puis achat de choses variées. Explication sur l'origine de sa fortune : sa mère, une hôtelière, avait accepté comme paiement le titre de propriété d'une mine abandonnée qui est devenu littéralement une mine d'or.

    Mr. Thatcher, banquier qui s'est occupé de l'éducation de Kane jusqu'à ses 25 ans, s'explique 57 ans plus tard lors d'un procès. Un journaliste raille : « est-il vrai que ce gamin, CFKane, vous a personnellement attaqué avec son traîneau ? » Mr. Thatcher, en guise de défense, accuse finalement Kane d'être un communiste. Puis, plan sur NYC où les travailleurs disent que Kane est une menace pour eux. Finalement, dernier opinion - avec intertitre : Kane déclare qu'il est avant tout un « américain » (première image de lui). Intertitre « 1895 to 1941 » : il fut un peu tout cela. Intertitre, 1898 : belliciste. Intertitre, 1919 : pacifiste ; insistance sur son importance politique. Intertitre : « sa vie privée appartenait au public », deux mariages (Emily qui le quitte en 1916 et meurt avec son fils en 1918 et Suzan, une chanteuse d'opéra, avec qui il se marie en 1916), deux divorces. Intertitre : « souvent appelé, jamais élu ». Il a failli être gouverneur de NYC en 1916 mais le scandale de sa relation avec Suzan l'en empêche. Intertitre, 1929 : usines fermées, etc. Intertitre : « mais Kane et ses journaux demeuraient célèbres ». Intertitre, 1935 : interview de Kane où il est jovial ; on entend des rires. Il dit qu'il n'y aura pas de guerre. Transition sur Kane, vieux, qui entre dans le « passé », est seul à Xanadou. Mort. Fin des nouvelles.

  3. Mise en abyme : des journalistes regardaient le programme. Le patron n'est pas content, il veut un angle, et choisit celui du dernier mot de Kane : « rosebud ».

  4. Tentative de rencontre avec Suzie Thompson, qui refuse de recevoir le journaliste.

  5. Bibliothèque "Mémoires de Thatcher".

    → le journaliste lit le récit de la première rencontre de Mr. Thatcher avec Kane (flashback). Kane lui est confié car sa mère laisse exploiter la mine etc. Rencontre dans la neige, avec la luge.

    → « Merry christmas » : on lui offre une luge alors qu'il est enfant. « … and a Happy New Year » : ellipse d'une vingtaine d'années. Kane a bientôt 25 ans et va devenir indépendant. Mr. Thatcher reçoit une lettre de lui qui dit qu'il ne s'intéresse pas à l'or et au pétrole mais qu'il vient diriger l'Inquirer à NYC.

    → L'Inquirer, scandales (suite de unes devant le regard courroucé de Thatcher). Kane, devant Mr. Thatcher affolé parce que Kane dénonce un entreprise dans laquelle il a des actions, explique qu'il est double : l'actionnaire et le journaliste.

    → retour à la lecture du manuscrit pour annoncer l'année 1929 (crise). Kane obligé d'abandonner ses journaux, en compagnie de Mr. Thatcher & Mr. Bernstein.

    La Bibliothèque ferme et le journaliste part.

  6. Visite à Mr. Bernstein (le « directeur général » de Kane). Il raconte qu'en 1896, en croisant un autre bateau, il voit une fille qui va monter ; elle a une robe blanche et une ombrelle blanche. « I only saw her for one second, she didn't see me at all » mais il a , depuis, pensé à elle tous les mois. Il encourage le journaliste à aller voir Mr. Leland, l'ami proche de Kane durant ses études.

    → flashback : Mr. Leland et Mr. Kane reprennent la direction de l'Inquirer. Ils sont accueillis par une bande de vieux. Kane reprend le bureau de Mr. Carter, l'ex-dirigeant sourdingue, pour y vivre.

    → une nouvelle ligne éditoriale pour le journal : 24 hours a day, diffuse ragots, journal à scandales. Fait envoyer un reporter pour intimider le mari d'une femme assassinée et "provoquer" les nouvelles.

    → « Declaration of principles ». Il veut que son journal soit aussi important à NYC que le gaz à une lampe (ironie du sort, les lampes arrêteront de fonctionner au gaz...). Mr. Leland, en regardant la caméra, dit penser que le manuscrit de ce document pourrait devenir important, et demande à l'avoir.

    → tirage : 26 000 exemplaires. Fondu : « tirage 495 000 ». Mr. Bernstein précise qu'il a fallu 20 ans à réunir les plus gds collaborateurs, en regardant une photo. Puis, fondu, Kane est devant ces hommes de la photo et précise qu'il y a six ans il bavait devant eux ; maintenant : 684 000 exemplaires (684 132). Dîner organisé : Kane déclare qu'il part pour l'Europe dans 8 jours. Ouvre la fête. Tout le monde chante une chanson appelée « Mr. Kane ». Mr. Leland est soucieux des nouveaux collaborateurs qui viennent du Chronicle et pourraient n'être pas loyaux.

    → Mr. Bernstein apporte un câble de Kane à Mr. Leland, qui est dans un bureau plein de statues qui viennent d'Europe (envoyées par Kane). Celui-ci dit vouloir acheter le plus gros diamant d'Europe.

    → le retour de Kane. Il donne un papier pour les mondanités et part très pressé. Il va se marier avec Emily Norton (nièce du Président des USA).

    Fin du flashback. Il dit que ça s'est fini avec Emily, puis avec Suzie. Il pense que « rosebud » peut être qqch que Kane a perdu, puisque Kane a presque tout perdu.

  7. Le journaliste va voir Mr. Leland à l'hôpital Huntington, qui lui demande à plusieurs reprises s'il n'a pas un cigare.

    → il parle d'Emily (flashback) qui très vite ne voit plus son mari qu'au petit-déjeuner. 6 étapes/confrontations de pire en pire.

    → le journaliste lui fait parler de Suzie (deuxième flashback). Rencontre avec une rage de dents, lui éclaboussé, elle qui lui propose de se laver chez elle ; il la fait rire pour qu'elle n'ait plus mal. Il lui raconte qu'il allait « à la rencontre de son enfance » voir les vieux meubles de sa mère morte. Elle dit qu'elle aurait voulu être cantatrice, puis accepte de lui chanter qqch. Fondu, pendant la chanson : ils sont ensemble dans une chambre fastueuse.

    → autre fondu, lorsque Kane applaudit, avec une scène où Mr. Leland vante Kane comme étant l'ami des travailleurs. Puis fondu sonore, Kane continue la parole de Mr. Leland : il fait un discours sous une immense image de lui, pour devenir gouverneur (contre Gettys). Emily et leur fils regardent.

    → confrontation : à la fin du discours, Emily veut aller chez Suzie. Gettys a fait envoyer un mot de Suzie à Emily. Il demande que Kane retire sa candidature, ou un article sur sa liaison avec Suzie paraîtra. Kane refuse. Fondu de la porte de Suzie sur une photo de journal : "Kane surpris dans son nid d'amour avec une "cantatrice"".

    L'Inquirer titre « Kane a perdu, fraude dans les élections ». Décor d'après-fête. Les journalistes partent. Mr. Leland débarque, saoul, alors qu'il ne reste que Kane dans le bureau. « Tu n'aimes que toi ». Mr. Leland (Jerediah) demande à partir à Chicago, Kane accepte.

    → "Kane épouse une cantatrice." "Kane fait bâtir un opéra." On y voit Suzie faire la première à l'opéra construit pour elle. Jerediah écrit un article défavorable mais, ayant bu, il s'est endormi dessus. Kane, qui débarque à ce moment, termine l'article « dans le même esprit » et vire son ami.

    Fin du flashback. Mr. Leland dit que Kane a fini l'article pour montrer qu'il était loyal. Il fait ensuite une sortie pitoyable, accompagné des infirmières, en demandant au journaliste de lui acheter des cigares.

  8. Le journaliste retourne voir Suzie.

    → elle lui dit qu'elle ne voulait pas chanter, flashback sur ses exercices vocaux. Son entraîneur pense qu'elle ne peut pas chanter. Mêmes images de la première qu'auparavant, mais cette fois le spectateur n'est pas à la place du public mais à celle de la cantatrice. Kane applaudit longtemps après tout le monde ; mauvaises réactions du public (rires, entraîneur dans les coulisses ainsi que Jeremiah qui fait des découpages avec son livret).

    → le lendemain, elle est hystérique à cause de l'article de Mr. Leland (et Kane, donc) et du manque de réaction de son mari. Kane reçoit, de la part de Mr. Leland, sa Declaration of Principles (qu'il déchire). Lorsque Suzan dit refuser de continuer, il l'en empêche.

    grands titres dans les journaux, « Ovation pour Suzan » etc. Sa voix s'étouffe en même temps qu'une ampoule s'éteint. Elle est dans un lit avec un verre et un médicament. Après cette tentative de suicide, Kane accepte qu'elle arrête de chanter.

    → plans dans Xanadou, elle s'ennuie, veut aller à NYC. Elle fait des puzzles.

    → Kane veut faire un pique-nique le lendemain : onze voitures (au moins) partent. Tentes dressées, un noir chante, grillades géantes. Ils se disputent dans leur tente tandis qu'une fille crie (d'amusement ?) dehors.

    → Suzan s'en va, malgré les implorations de Kane.

    Retour à la discussion, Suzan demande si le journaliste va aller à Xanadou et lui conseille de parler à Raymond, le majordome.

  9. A Xanadou. Le majordome demande $1000 contre une révélation sur rosebud.

    → flashback du jour où Kane se fait quitter par Suzan. Il détruit tout, garde une boule de verre avec de la neige (qu'il a par ailleurs dans la main au moment de sa mort, cf. 1) et il dit : « rosebud » devant des employés effarés.

    Le journaliste refuse de payer autant pour une si frêle information. Avec son équipe, il est chargé de prendre des photos. On lui demande si « rosebud » aurait tout expliqué ; il dit que ce n'est qu'une pièce manquante dans le puzzle et ressort le discours que lui avait fait Mr. Bernstein sur Kane qui a tout, sauf peut-être ce rosebud. Vues sur les objets entassés. Le journaliste part. La caméra continue à avancer, surplombant les objets, jusqu'à un traîneau. Quelqu'un le prend : « brûlez ce traîneau ». Des hommes sont chargés de tout brûler. Dans le feu, les lettres "rosebud", sur le traîneau, apparaissent plus clairement ,puis disparaissent. Plan sur la fumée noire qui sort de la cheminée de Xanadou. Plan sur « No trespassing » puis sur le palais, comme au début du film. The end.

samedi 3 octobre 2009

TABLEAU DES DES DIFFÉRENTS MOYENS DE COMMUNICATION ET DE LEURS PROPRIÉTÉS

Version PDF

type de communication

est-on visible ?

est-on audible ?

instantanéité ?

sauvegarde ?

en face à face

OUI

OUI

OUI

NON


(même si possible)

téléphone

NON


(même si possible sur certains téléphones)

OUI

OUI


(mais pas dans les réactions faciales)

NON


(même si possible)

messagerie dite « instantanée »

NON


(mais possible avec les très-démocratisées-webcam)

NON


(possible avec micro)

NON


(mais presque : c'est une instantanéité par segment de phrase)

OUI


(même si pas obligatoire)

e-mail

NON

NON

NON


(mais instantanéité dans l'envoi et dans la réception)

OUI


(des deux côtés)

lettre postale

NON

NON

NON


(temps de l'envoi, mais cachet de la poste)

NON


(possession de la lettre ne se fait que d'un côté mais possibilité de reproduction)


type de communication

problèmes techniques ?

influence de l'extérieur ?

BILAN

en face à face

NON

OUI

la conversation est légère, il faut accepter qu'il n'y ait aucune sauvegarde d'office de ce qui est dit ; de plus, importance des influences de l'extérieur et des réactions de l'interlocuteur.

téléphone

OUI


(batterie et réseau, sauf pour les anciens téléphones)

OUI


(coupure de la réalité mais prise en compte d'un univers extérieur)

la conversation, ne se faisant que par le biais oral, permet une liberté physique, de sorte que l'on peut faire croire que l'on est seul quand on ne l'est pas, mentir sur sa position géographique, ainsi que consulter des documents pendant la conversation.

messagerie dite « instantanée »

OUI


(problèmes de connexion, problèmes de l'application)

OUI mais


(nette coupure, par l'écran, de la réaction du sujet vàv de la réalité)

on ne peut se fier à l'identité de son interlocuteur ou à sa position géographique ; cependant, il est très difficile d'imiter le style d'un proche et le refus de tout « plus » comme la webcam ou la conversation audio sera perçu comme louche.

e-mail

NON


(sûreté de l'envoi)

NON mais


(possibilité de s'isoler dans la rédaction)

la base de l'échange est moins centrée sur la « vérité » ou non de ce qui est dit et plus sur le fond ; la relation développée est intime et engendre une « paranoïa des signes », qui fait que le temps de réponse et la volumétrie prennent une grande importance.

lettre postale

OUI


(pas de garantie, sauf si accusé de réception)

NON mais


(possibilité de s'isoler dans la rédaction)

mêmes propriétés que l'e-mail, mais cette fois, la « paranoïa des signes » passe par l'analyse de l'écriture plus que par le temps de réponse qui peut être faussé en heures ; intimité de la rature.


mis à jour le jeudi 19 novembre.

samedi 18 juillet 2009

liste de courses idéales pour une personne aimant manger mais 1) voulant faire attention à son corps 2) n'ayant pas un budget illimité

boissons :
- lait demi-écrémé UHT (moins calorique que le lait entier, qui est pourtant bien meilleur, et de meilleure conservation que le lait frais, qui pourra cependant être consommé occasionnellement)
- coca cola light
- une ou deux bouteilles de vin rouge d'avance, d'un prix entre 2 et 6 euros

pour grignoter/manger le matin :
- pain (pré-)grillé (n'a pas tout à fait le goût de la biscotte, est bon et permet une longue conservation ; ne nécessite pas de grille-pain comme le pain de mie)
- beurre demi-sel
- des special K au chocolat au lait (peut toujours servir, or : longue conservation)
- ananas frais en boîte (un dessert facile de toutes occasions)
- du fromage, chèvre voire camembert (bien que trop cher, chacun ses vices)

matière première :
- spaghetti ou linguine
- nouilles chinoises (prix inférieur à 1 euro, très bon, peu calorique, plutôt léger bien que tenant au corps)
- soupe (en brique)
- des oeufs (et, à l'occasion, selon les envies : du bacon pour accompagner les oeufs au plat et les oeufs brouillés, du fromage râpé pour mettre dans les omelettes ou encore du pain frais pour faire des "mouillettes" pour les oeufs à la coque)
- à propos du riz blanc, plutôt l'acheter en barquette chez un traiteur asiatique (car meilleur ; ne pas hésiter à y rajouter du parmesan, du pesto voire de la crème fraîche)
- à propos des pommes de terre, plutôt acheter des surgelées si congélateur (car vraies pommes de terre cuisent très lentement)
- des bananes plantain (légumes exotiques, elles sont rapides à faire griller et délicieuses ; leur seul problème est leur difficulté d'accès)
- à l'occasion, roquette (bien que conservation difficile)

pour accompagner les plats/les assaisonnements :
- parmesan (assez cher mais peut être remplacé par du grana padano)
- pesto et/ou arabiatta
- de l'huile d'olive
- du vinaigre balsamique

pour les invités :
- pourquoi pas une plaquette de chocolat
- avoir en réserve un sirop de grenadine n'est pas idiot (bien que trop sucré pour une personne faisant attention à soi)


lundi 2 mars 2009

RRQMÇV (Recherche d'une Réponse à la Question Métaphysique : "Ça Va ?")

proposition n°1
— ça va ??
— Étant donné l'état de réflexion dans lequel cette question m'a plongé, je pense que : oui, on peut dire que ça va, je suis encore capable de m'interroger, de douter de chaque chose qui m'est dite, ce qui témoigne d'une certaine indépendance de la pensée. De plus, je vais bien parce que je me démarque des autres par mon originalité, puisque je ne tranche pas par "oui" ou "non".

proposition n°2
— ça va ??
— oui
— original...
— est-ce que je cherche l'originalité de sa mère ? tout ce que je veux c'est qu'on putain de me laisse tranquille

proposition n°3
— ça va ??
— étant donné l'état de réflexion dans lequel cette question m'a plongé, je pense que : non, on ne peut pas dire que ça va. il me faut un temps incroyable pour me figurer si je vais bien ou pas, ça veut dire que je n'éprouve aucun plaisir en ce moment même, et ne pas éprouver de plaisir, c'est aller mal ou être indifférent, et être indifférent c'est ne pas aller bien.

proposition n°4
— ça va ??
— ma soeur vient d'avoir un accident...
— ah...
— mon chat est mort avant-hier
— oh...
— mon copain ne me désire plus...
— et ben...
— j'ai pris 10 kilos en un mois
— ça ne se voit pas...
— avant j'étais anorexique...
— ah ben c'est chouette alors !
— maintenant je suis boulimique
— oui, bon...
— j'étais top model
— ah oui...
— j'ai arrêté mes études
— y'a toujours de l'espoir... et donc, ça va ? c'est pour mon sondage...
— je vous dis que mon grand-père est souffrant !!

proposition n°5
— ça va ??
— c'est bon, on me la fait pas... ça fait rire personne vos sondages à la con... vous avez dénaturé cette question bienveillante, c'est détestable... maintenant plus personne n'ose y répondre... vous voulez quoi, empêcher toute communication ? c'est ça votre plan ? ensuite vous vous en prendrez aux "bonjours" et aux "je t'aime" ? bande de cons va... pfeuah !

proposition n°6
— ça va ??
— oui
— vous êtes sûr ?
— oui
— prouvez-le !!
— pourquoi ?
— parce que sans justification votre réponse pourrait être une tentative de fausser le sondage.
— vous me dégoûtez... ça ne va plus du tout maintenant... vous êtes répugnants...

proposition n°7
— ça va ??
— j'ai une maison, de l'argent pour manger, un compagne, un travail, de la famille en vie...

proposition n°8
— ça va ??
— tu connais la réponse...
— non j'insiste
— si tu ne connais pas la réponse maintenant, ça m'inquiète vraiment...
— je veux te l'entendre dire
— écoute je ne supporte plus ton manque de confiance, en toi, en moi, ça n'est plus possible...
— mais ça n'est pas ça... dis-le
— TRÈS BIEN MAIS ALORS C'EST LA DERNIÈRE FOIS QUE TU L'ENTENDRAS
— mais qu'est-ce qui te prend putain ?
— TU OSES ME DEMANDER SI JE VAIS BIEN MAINTENANT ?
— C'EST POUR MON SONDAGE
— SALOPE, ne me dis pas que tu penses à ça depuis tout à l'heure
— mais non pas du tout...
— ALORS COMMENT TU AS FAIT POUR T'EN SOUVENIR AUSSI VITE ?
— c'est juste que...
— QUE QUOI ?
— euh... ben... je sais pas... ça devait être dans un petit coin de ma tête...
— TU PENSAIS À TON SONDAGE PENDANT QUE JE TE FAISAIS L'AMOUR ? TU PENSAIS À TON SONDAGE PENDANT QUE JE TE FAISAIS L'AMOUR ??
— ET TOI D'ABORD TU CROIS QUE T'ES SI BON QUE ÇA, TU CROIS QUE TU ME FAIS TOUT OUBLIER PENDANT L'AMOUR ? MAIS JE VAIS TE DIRE MOI, JE VAIS TE DIRE... je m'emmerde pendant que tu joues les endurants pour te sentir plus fort, je me fais CHIER dans tous ces va-et-vient sans sentiment, juste pour la performance, celle que tu veux raconter à tes potes... alors maintenant tu arrêtes de CRIER, tu ravales ta petite fierté, et passe une bonne nuit avec ton traversin, n'oublie pas de raconter à tes amis...

proposition n°9
— ça va ??
— sorry what did you say? (pardon pour ce que vous m'avez dit ?)
— I said how are you? (j'ai dit comment êtes-vous ?)
— oh yeah, actually I must say that, well, I mean, why are you askin'? (oh ouais, actuellement je dois dire que, bien, je veux dire, pourquoi demandez-vous ?)
— I'm just doin' a survey (je fais juste un sondage)
— I don't answer polls (je ne réponds pas aux sondages)

proposition n°10
— ça va ??
— par habitude je dirais oui
— et si tu y réfléchis ?
— on ne réfléchit pas à ces choses-là

proposition n°11
— ça va ??
— ça vient...

proposition n°12
— ça va ??
— je... vais...
— non non tu vas bien je te dis tu vas bien
— je vais vomir
— mais non t'inquiètes on prend un peu d'air frais regarde ça fait du bien hein ? on marche tranquillement voilà aïe non c'est rien aïe qu'est-ce que je suis maladroite je... ça va hein ? ça va ?? tu vas tenir le coup ? continue à avancer, faut pas arrêter. allez regarde comme c'est chouette la nuit, hein ? il fait juste un peu froid comme il faut, hein ? ça va pas ? faut continuer ! allez ça va passer, c'est juste un mauvais moment. ça va ou pas ? ça va hein ? réponds-moi ? qu'est-ce que je peux fai..... re..... pour toi... en-dehors de te regarder... putain

proposition n°13
— ça va ??
— mm
— ça va ou pas ?
— m
— ého je t'ai posé une question !
— m ?
— tu dors ou quoi ?
— m...

proposition n°14
— ça va ??
— aujourd'hui je penche plutôt pour proposition n°3

vendredi 20 février 2009

une jeune fille de 18 ans :

datée du 13 décembre 2008, un samedi


Lettre ouverte à une jeune fille de 17 ans :


Judith,


je t'aime !

c'est toi qui trouvais qu'il fallait toujours commencer par le meilleur, contrairement à l'opinion publique qui répète qu'il faut "garder le meilleur pour la fin". toi tu disais qu'on risquait de toute façon, par exemple, de plus avoir faim pour le meilleur après avoir mangé le moins bon. ou moins faim, et on en profiterait moins. tu avais tout compris quand tu disais ça.

parce que le plaisir de la nourriture est celui le plus ouvertement périssable, il dure un temps minime, celui où le produit se disloque entre les molaires le palais et la langue, et dans certains cas il dure un tout petit peu en bouche : c'est pour cela qu'on paie des produits de luxe. et d'ailleurs on fait bien d'acheter des produits de luxe parce que de l'argent non utilisé ne peut jamais servir à produire du plaisir. cela dit il faudrait réfléchir si les produits de luxe apportent plus de plaisir que celui éprouvé par la reconnaissance d'un individu dans le besoin à qui on aurait donné l'argent ? et je pense que purement égoïstement, dans une simple perspective de plaisir, aider quelqu'un et obtenir son respect en retour, ou au moins, sa mauvaise conscience, est bien plus intéressant que de manger du caviar. et plus durable également !

mais enfin le plaisir est toujours périssable. alors il vaut mieux, dans tous les cas, se l'assurer, et le prendre tout de suite : et étant donné qu'il ne dure de toute façon pas, qu'est-ce que l'ordre viendra y changer ? mieux vaut commencer par le meilleur. un arrière-goût amer part en se brossant les dents. d'ailleurs un arrière-goût amer, c'est déjà un goût, et c'est déjà mieux que rien. je parle en connaissance de cause, comme j'ai perdu le goût la semaine dernière.

ton existence est inspirante, tu vois ? et je me mets dans ta tête une seconde, ça doit faire : « elle s'écoute parler elle n'aime qu'elle. cette lettre est censée m'être adressée, draguer mon narcissisme, et au lieu de tout ça elle parle de tout sauf de moi ». sauf si évidemment même en essayant de me mettre à ta place je continue à parler de moi, à penser comme moi. parce que précisément, j'ai essayé de me mettre dans ta tête, vu qu'à chaque fois que tu m'as évoquée depuis qu'on s'est vues dans la vie des physiques, j'ai eu l'impression que mon prénom, "Alice", était comme une fille facile, sympathique et éphémère. alors j'ai retourné ça dans tous les sens puis j'ai trouvé une position un minimum confortable, c'était de penser qu'on était comme des vieilles amies. j'étais vexée comme une vieille amie qui se rend compte qu'on ne la juge plus. pourtant ce que j'aimerais provoquer un peu de déception, de surprise, d'admiration, de jalousie, d'excitation, de dégoût ! puis rien de tout ça. moi aussi quand j'ai vu Judith, j'étais un peu curieuse mais je l'ai trouvée conforme. j'étais prête à la prendre comme ça au présent en oubliant toute sa vie en-dehors de moi et à simplement jouer à l'amitié. drôle de rapport. maintenant je suis même jalouse quand elle met en scène des éléments qui me sont inconnus et qui semblent lui être familiers, je trouve que ça brise grossièrement mes théories de "vieille amie".


6 février 2009, encore un samedi


Chère

Printemps,


Je t'écris depuis le Retour à la vie : bientôt une semaine déjà ! Le cancer du tropique est à une telle latitude que je m'élève naturellement vers l'ouest... L'inconscient m'essouffle à l'oreille... "N'oublie pas, n'oublie pas... n'oublie pas, n'oublie pas...", mais qu'est-ce à dire ?! N'en parlons plus. Où en étais-je ?... Ah, oui, le plaisir ;

Quelle chance que d'oublier ce dont nous avons besoin lorsque nous ne l'avons pas ! désormais, qu'il pleuve, qu'il vente, qu'on se le dise : il fait soleil.

Mon carnet d'exotisme se remplit dans tous les sens et je ne connais toujours pas la destination finale ; quelle qu'elle soit, le chemin aura été un gain : bénéfice dans les moyens de productions, bénéfice dans la marge. (...)


jeudi 19 février 2009


Judith n'a pas répondu à mes appels. Blaise, à qui elle l'a confirmé — humiliatrice ! —, m'a précisé qu'elle était sous la douche, elle n'a pas entendu, elle n'a pas rappelé. Judith n'a pas répondu à mes appels. Un jour, une rencontre courtoise, comme il faut, un petit mot, un Rendez-vous, une motivation saine, la curiosité, un endroit neutre, une déambulation, des gâteaux d'après-midi, une ébullition. Ensuite ? plus rien. Ça refroidit ! je sombre dans la trivialité, elle reste là, je sais qu'elle est là, dans toute sa vulgarité. Elle pourrait reprendre, mais je pense que sa vraie réponse, si j'insistais un peu trop sur le pourrait, serait un adieu peureux. Judith se dit tellement coupable que je me sentirais presque coupable à l'accabler, à critiquer sa culpabilité. Judith est tellement respectable qu'il y en a beaucoup qui se contentent de la respecter. Je la respecte pour sa vulgarité, parce qu'elle en est tellement plus digne. Qu'y-a-t-il de plus vulgaire qu'une personne qui réfléchit tellement qu'elle n'a plus de place pour la simplicité, donc pour l'amour ? Je le savais, bien sûr, dès le moment où j'ai dû faire une concession, ça n'était pas la bonne heure, ça n'était pas le bon lieu, heureusement, c'était le bon jour, mais ça n'était pas non plus la bonne chose d'aller dans le bon lieu, et ça n'était pas non plus la bonne chose de passer un bon moment. Du moins c'est ce que, simple comme je suis, j'en viens à penser. Judith a longtemps évité. Rodrigue, ce bon gars qui adore jouer les intermédiaires — secrétaire auto-proclamé de mes amitiés —, m'avait raconté que Judith était anxieuse à l'idée d'une rencontre. Ceci justifiant cela, bonne excuse trouvée, Judith, couçi-couça, s'excuse par la timidité. Comme on le sait, la timidité justifie tout, "il est mort par timidité", assèchement des ressources intellectuelles, inondation des réseaux physiques, c'est fatal, on le plaint, c'était écrit là-haut. À moins que ce ne soit de l'ironie et qu'on ne le sache pas vraiment. Toute personne sensée est timide et est censée combattre cela, par amour de soi, par amour d'autrui. Or Judith a montré un enthousiasme dénué de toute timidité lors de notre dernière rencontre qui a marqué mon retour à la vie (enthousiasme partagé, 40/60).

Montrer trop d'enthousiasme, si on ne peut plus en être à la hauteur le jour suivant, est criminel ! Prétexte parfait pour une affectueuse provocation.

Judith m'a tuerrr !

— ce sont là de graves accusations mademoiselle.

— ce n'est pas exactement ce que je voulais dire...

— pourtant c'est bien ce que vous avez déclaré.

— votre mère ne vous a-t-elle donc jamais raconté l'histoire de ce crapaud qui pétait dans la soupe ?

— non ?

— eh bien, c'était un crapaud qui n'était pas si laid que ça, certains le trouvaient même charmant. un jour, trouvant un signe de connivence dans le vert de la soupe, il y plongea ses cuisses gluantes. il trouva qu'il y faisait chaud donc il y resta. mais bientôt il s'ennuya, c'est pourquoi il se mit à péter dans la soupe.

— où voulez-vous en venir ?

— eh bien ce crapaud, il ne se prenait pas au sérieux. sinon il ne serait pas resté dans cette soupe à péter sous le regard de tous.

— oui... intéressant... mais revenons plutôt à vos accusations ?

— justement j'y viens. je pense que l'esprit de sérieux tue ce monde.


20 février 2009, presque un samedi


Judith, j'ai envie de vivre une histoire d'amitié avec toi, mais tu me fais attendre comme ces gamines hésitantes qui torturent les adolescents. Eux s'en remettent ensuite, et elles apprennent à clarifier leurs décisions avec le temps, mais les choses seraient plus simples si s'exprimer ne constituait pas un tel problème. Heureusement la vie est bien faite, parce que l'hésitation aussi comporte sa part de romanesque...



Addendum : la réponse de Judith.